- Les ventes au détail chutent de 0,9 % en mai ; deuxième baisse mensuelle consécutive
- Les ventes au détail de base augmentent de 0,4 % ; les données d'avril sont révisées à la hausse
- La production manufacturière progresse de 0,1 % grâce aux véhicules automobiles
- Les prix à l'importation restent stables ; la faiblesse du dollar fait grimper l'inflation sous-jacente à l'importation
Histoire
Les ventes au détail ont chuté de 0,9 % en mai par rapport au mois précédent, a annoncé mardi le ministère du Commerce, en forte baisse par rapport à la baisse de 0,1 % d'avril, révisée à la baisse. Il s'agit de la baisse mensuelle la plus marquée depuis janvier et plus grave que la baisse de 0,7 % prévue par les économistes dans un sondage du cabinet d'analyse FactSet.
Les chiffres sont ajustés en fonction des variations saisonnières mais pas de l’inflation.
Cette baisse est principalement due à la chute des ventes de voitures. Hors ces achats, les ventes au détail ont enregistré une baisse plus modeste de 0,3 %.
Au début du printemps, les Américains se sont précipités Les achats anticipés de biens coûteux , notamment de voitures, ont permis de contourner les droits de douane élevés imposés par le président Donald Trump. Cela a fait bondir les ventes au détail en mars, mais les dépenses ont nettement diminué depuis.
Le rapport de May ajoute une preuve supplémentaire que les Américains deviennent prudents dans leurs dépenses, ce qui pourrait se répercuter sur l'ensemble de l'économie si cela persiste.
« Chaque fois que vous constatez un recul des dépenses de consommation, cela tend à entraîner un ralentissement du PIB global et de l'activité économique au sens large, ce qui se traduit par un ralentissement des ventes, des embauches et, par conséquent, une croissance plus lente des revenus », a déclaré Gregory Daco, économiste en chef chez Ernst & Young, à Matt Egan de CNN dans une interview.
« Le véritable risque est que nous assistions au début d’un ralentissement plus prononcé de l’économie, provoqué non pas nécessairement par les droits de douane eux-mêmes, mais plutôt par une poussée d’anxiété qui a conduit à une concentration de la demande en amont et qui va maintenant conduire à une chute de la demande. »
Les dépenses de détail ont diminué dans la plupart des catégories le mois dernier, notamment chez les concessionnaires automobiles. Les ventes de voitures et de pièces détachées ont reculé de 3,5 % en mai, soit la plus forte baisse mensuelle depuis juin 2024.
Le mois dernier, les ventes ont également fortement baissé dans les stations-service, principalement en raison de la baisse des prix de l'énergie, et dans les magasins de bricolage, en baisse de 2 % et 2,7 %, respectivement.
Pendant ce temps, les dépenses dans les bars et les restaurants ont diminué de 0,9 % en mai, soit la première baisse mensuelle depuis février et la plus forte depuis février 2023. Chaque fois que les consommateurs réduisent leurs dépenses, les dépenses discrétionnaires, comme les repas au restaurant, sont généralement les premières à être supprimées.
Les ventes en mai ont augmenté dans les magasins spécialisés et en ligne.
Les dépenses de consommation sont le moteur de l’économie américaine, et leur trajectoire future dépend en grande partie de l’évolution du marché du travail.
« Les consommateurs sont sur la touche, le marché du travail s'affaiblissant et les Américains confrontés à la hausse des prix », a déclaré David Russell, responsable mondial de la stratégie de marché chez TradeStation, dans une note d'analyste publiée mardi. « Il pourrait s'agir d'une pause avant un regain de confiance, ou d'un avertissement avant un ralentissement général. »
Pour l'instant, le marché du travail se maintient, avec un taux de chômage à un faible niveau de 4,2 % et des créations d'emplois soutenues par les employeurs, selon les données du ministère du Travail. Si l'économie américaine commence à supprimer des emplois et que le chômage commence à grimper, les données sur les dépenses risquent fort de s'affaiblir, les Américains sans emploi se repliant sur eux-mêmes, préviennent les économistes.
L’incertitude pure et simple semée par l’administration Trump est évidente partout diverses enquêtes auprès des consommateurs Depuis des mois, le sentiment n'a pas été un bon indicateur des dépenses futures ces dernières années, mais il se pourrait désormais que les données dites « dures » (chiffres qui reflètent l'activité économique réelle) laissent entrevoir des signes de pessimisme qui influencent enfin les dépenses.
« L'économie ralentit, les consommateurs étant nerveux quant à ce qui les attend et choisissant d'épargner globalement plutôt que de dépenser de l'argent dans les magasins et les centres commerciaux », a déclaré Chris Rupkey, économiste en chef chez Fwdbonds, dans un commentaire publié mardi.
« Ce n’est pas un rapport économique qui respire la confiance dans l’avenir, même si l’économie risque d’éviter une récession pour l’instant », a-t-il déclaré.
